Au Québec, la révolution verte ne se déroule pas que dans les couloirs des ministères mais sur le terrain : dans les usines qui recyclent leur chaleur, les champs qui captent du carbone, les villes qui repensent leurs réseaux énergétiques. D’un bout à l’autre de la province, chercheurs, entrepreneurs et collectivités réinventent l’économie pour qu’elle soit à la fois propre, durable et… rentable !

Le virage vers une économie verte n’est plus une chimère au Québec, mais une réalité en mouvement. Grâce à un milieu naturel favorable — notamment une production d’électricité renouvelable hors pair — et à des politiques publiques qui placent l’innovation au cœur de la stratégie, la province dessine les contours d’un nouvel âge industriel .

Mais cette transition énergétique au Québec ne relève pas uniquement d’un impératif écologique : elle est devenue un enjeu de compétitivité, de souveraineté technologique et d’attractivité. Dans cet article, découvrez comment le Québec mise sur les technologies propres pour redéfinir son modèle économique — et quels en sont les angles parfois inattendus.

Le virage économique derrière la transition énergétique du Québec

La transition énergétique du Québec est souvent présentée comme une exigence morale ou environnementale. Au Québec, elle se profile avant tout comme un levier industriel et économique. En 2021, le produit intérieur brut du secteur des technologies propres atteignait 20,259 millions de dollars, selon le tableau de bord de l’économie verte du ministère de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie .

Cette croissance ne se limite pas à la réduction d’émissions : elle génère des marchés nouveaux en ingénierie, éco-conception, efficacité énergétique et gestion des ressources. Les entreprises pionnières en technologies propres voient déjà leur rentabilité augmenter grâce à l’innovation verte et à un meilleur accès aux chaînes d’approvisionnement internationales.

Cartographier l’écosystème québécois des technologies propres

Le Québec compte un écosystème dense de plus de 400 entreprises actives dans le domaine, pourvoyeuses de près de 80 000 emplois, selon les données d’Écotech Québec. En 2019, 65,4 % des entreprises de 5 employés et plus utilisaient déjà au moins une technologie propre, d’après l’Institut de la statistique du Québec.

Ces grappes industrielles catalysent la collaboration entre recherche, entreprises et capital d’investissement, favorisant une approche systémique de la transition énergétique au Québec.

Les laboratoires de la transition énergétique au Québec

Les technologies propres se déploient sur le terrain grâce à des projets territoriaux pilotes : boucles énergétiques à Victoriaville, valorisation des déchets à Montréal ou électrification du transport collectif à Laval.

Des centres de recherche au cœur de la transition

Le monde académique joue aussi un rôle clé :


CIRAIG (Centre international de référence sur le cycle de vie, l’énergie, l’environnement) forme et accompagne les entreprises dans la mesure d’impact.

IVADO et Nergica développent des technologies d’IA et d’Internet des objets (IoT) pour la gestion énergétique en temps réel (IVADO – Innovation durable, Nergica).

Les partenariats publics-privés permettent de transformer ces innovations en applications industrielles concrètes : énergies renouvelables, procédés de captation du carbone, valorisation des sous-produits.

Les limites et angles morts de la croissance verte

Derrière l’optimisme, plusieurs défis.

  1. La dépendance aux minéraux critiques (lithium, nickel, terres rares) interroge la durabilité réelle de certaines technologies.
  2. Le PIB vert a reculé de 3 % entre 2021 et 2023, selon les données du MEIE .
  3. Les PME restent souvent freinées par le manque de ressources financières et de compétences vertes. Le mémoire prébudgétaire 2025-2026 d’Écotech Québec estime que si les PME atteignaient le niveau des 25 % les plus performantes, cela pourrait hausser le PIB québécois de 5 %.

    La conclusion s’impose : l’élan est là, mais les fonds et la formation manquent pour accélérer la transition énergétique québécoise.

La donnée, boussole de la performance environnementale

Impossible de gérer ce qu’on ne mesure pas. C’est pourquoi la donnée devient la clé de voûte de la performance environnementale. Les entreprises s’appuient de plus en plus sur des outils combinant IA, IoT et tableaux de bord carbone :

• L’IA offre des systèmes capables d’analyser des données et d’optimiser automatiquement les processus (ex. : maintenance prédictive, planification énergétique, optimisation de production).

• L’IoT est un réseau de capteurs et d’appareils connectés transmettant en temps réel des données physiques (température, consommation, émissions, vitesse, etc.) vers des plateformes d’analyse.

• Les tableaux de bord carbone agrègent ces données pour suivre les émissions de GES, modéliser les scénarios de réduction et piloter les actions de décarbonation.

Combinés, ces outils permettent de mesurer, anticiper et réduire l’empreinte environnementale d’une entreprise tout en améliorant la productivité. Cette approche favorise la transparence et attire les investisseurs, sensibles aux obligations de divulgation climatique (normes ISO 14064, taxonomie européenne).

Quant au marché du carbone québécois, lié à la Californie, il constitue aussi un instrument stratégique pour stimuler l’innovation et canaliser les investissements vers les secteurs propres (Ministère de l’Environnement – Marché du carbone). Ce système commun avec la Californie fixe un plafond d’émissions et permet l’échange de droits, créant un prix du carbone qui encourage les entreprises à innover et à investir dans des technologies propres.

Bref, les entreprises capables de relier ces données à leur performance financière deviendront les véritables champions de la transition énergétique au Québec.

L'indépendance économique au cœur de la transition énergétique

La transition énergétique québécoise n’est pas qu’une affaire de bonne conscience : elle devient un enjeu d’indépendance économique. Produire localement des technologies propres, c’est réduire la dépendance envers des chaînes d’approvisionnement étrangères et exporter un savoir-faire québécois. Entre 2015 et 2019, le Québec a capté 27 % du capital-risque “clean tech” canadien, soit plus du quart des investissements du pays (Canadian Climate Institute – Québec Clean Tech Profile).

Cependant, cette souveraineté repose sur un actif clé : la main-d’œuvre. Sans compétences techniques et sans formation continue, la transition énergétique du Québec risque de buter sur un mur. Des programmes comme Visées et Compétences futures contribuent à combler cet écart en soutenant la montée en compétences des travailleurs et des PME.

De la vitrine verte à la colonne vertébrale économique

Le Québec avance vers une économie où la performance environnementale devient synonyme de compétitivité. La cohérence des politiques publiques, la stabilité du financement et la culture d’expérimentation conditionnent le passage de l’intention à l’impact.
Toutefois, la transition énergétique québécoise ne se gagnera pas uniquement dans les grands projets d’électrification ou les laboratoires d’innovation : elle se jouera aussi dans les ateliers, les bureaux et les chantiers des PME.

Comment ces entreprises, souvent limitées en ressources, peuvent-elles tirer leur épingle du jeu, transformer leurs pratiques et profiter de la vague verte pour croître ? Ce sera l’objet du prochain article : à suivre !

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