La construction industrialisée : une solution à la pénurie de logements abordables au Québec
Par Allan Cid, Ph.D, conseiller en innovation au SEREX
Mouhamadou Ndiaye, conseiller sectoriel en fabrication avancée à la FCCQ
La crise du logement au Québec a atteint des proportions alarmantes en 2024, avec un taux d’inoccupation en-dessous de la barre des 3% dans toutes les municipalités . Une première historique selon le Front d’action populaire en réaménagement urbain. Cette pénurie généralisée met en lumière l’urgence de repenser nos approches en matière de construction résidentielle.
Par ailleurs, face à l’urgence environnementale, la nécessité d’adopter des pratiques plus durables, avec une utilisation accrue de matériaux locaux, écologiques et recyclés, s’impose.
Cette transition vers une construction plus verte s’inscrit dans une volonté collective de réduire l’empreinte carbone du secteur du bâtiment.
Au Québec, une hausse des chantiers d’habitation de 14% en 2025
Face à ces défis, la solution semble résider dans notre capacité à construire plus vite, à moindre coût et de manière écoresponsable. L’Association des professionnels de la construction et de l’habitation du Québec (APCHQ) prévoit une hausse de 14% des mises en chantier pour 2025, avec une estimation de 45 500 nouvelles unités. Cependant, pour répondre efficacement à la demande, il faut aller au-delà des méthodes traditionnelles.
C’est ici que la construction industrialisée entre en jeu. Elle offre un potentiel remarquable en termes de qualité, de vitesse d’exécution et de réduction des coûts. Cette approche permet non seulement d’accélérer la cadence de construction, mais aussi de diminuer les coûts de production tout en maintenant des standards élevés de durabilité. La fabrication en usine réduit les pertes de matériaux et permet un contrôle qualité rigoureux, tout en minimisant l’impact environnemental des chantiers.
La construction industrialisée fait son chemin dans la Belle Province
Les méthodes de construction industrialisée se déclinent en plusieurs types, chacun offrant des avantages spécifiques. La construction modulaire, où des unités complètes sont fabriquées en usine puis assemblées sur site, permet une rapidité d’exécution inégalée. Les systèmes 2D, comme les panneaux préfabriqués, offrent une flexibilité accrue dans la conception. Quant à l’impression 3D, elle ouvre la voie à des formes architecturales innovantes et à une optimisation poussée des ressources.
Le Québec n’est pas en reste dans cette révolution constructive. Ils existent plusieurs initiatives à travers le Québec. Par exemple, le SEREX, centre d’accès à la technologie (CAT) basé à Amqui, développe son laboratoire d’innovation et de formation technique en construction durable (LIFT) pour accompagner les compagnies dans cette transition, former les travailleurs qui participent aux processus de fabrication et montage de bâtiments industrialisées.
Former les travailleurs aux transformations du secteur de la construction
Pour mener à bien cette transition, la formation de la main-d’œuvre est cruciale. Grâce à des programme de rehaussement des compétences tel que Visées, les entreprises et les travailleurs ont aujourd’hui accès à plusieurs outils leur permettant de maitriser le concept de construction modulaires, autant en usine que sur site. Cela inclut des formations sur les logiciels de conception, les technologies 3D comme le BIM, l’automatisation, la robotisation ainsi que les techniques de fabrication et d’usinage.
La construction industrialisée se présente comme une réponse prometteuse à la crise du logement au Québec. En alliant rapidité, qualité et durabilité, elle offre une voie pour construire les logements abordables dont la province a urgemment besoin, tout en s’inscrivant dans une démarche écoresponsable. L’avenir de l’habitat québécois se dessine dans les usines et sur les chantiers innovants, où technologie et savoir-faire se conjuguent pour relever les défis du XXIe siècle.