
Les nouvelles technologies vont-elles remplacer nos emplois manufacturiers?
Par Mouhamadou Ndiaye, Conseiller sectoriel en fabrication avancée à la FCCQ
L’impact de la technologie sur l’emploi est un sujet de débat depuis des siècles. Les travailleurs se sont toujours interrogés sur la sécurité de leur emploi face aux révolutions industrielles successives : la vapeur, le charbon, l’électricité, puis l’informatique ont à chaque fois bouleversé le marché du travail.
Au début des années 2000, l’essor d’Internet soulevait déjà des questions quant aux changements qu’il allait provoquer. Aujourd’hui, à l’aube de la quatrième révolution industrielle, cette même interrogation refait surface, notamment dans le secteur manufacturier.
Les technologies transforment les usines
La technologie modifie profondément le secteur manufacturier. L’automatisation et la robotisation redéfinissent les emplois. Selon une étude, l’ajout d’un robot dans une zone géographique entraîne une diminution de l’employabilité de six travailleurs.
Cependant, tous les emplois ne sont pas menacés de la même manière. Les postes impliquant des tâches répétitives ou manuelles, comme l’assemblage sur une chaîne de production, sont les plus vulnérables .
De nouveaux emplois créés grâce aux nouvelles technologies
On estime que 85 millions d’emplois seront supprimés d’ici les prochaines années, mais que 97 millions de nouveaux postes verront le jour dans les pays à haut revenu. Parmi eux, des métiers liés aux données, à l’automatisation et à l’intelligence artificielle. Si de nombreux emplois disparaissent, de nouvelles opportunités émergent pour accompagner ces avancées technologiques.
Par ailleurs, le remplacement de certains emplois tend à stimuler davantage les facultés cognitives humaines. La créativité, l’imagination et l’intelligence émotionnelle deviendront des atouts majeurs, en contraste avec la monotonie et le manque de sécurité qui caractérisent encore certains emplois manufacturiers à l’heure actuelle.
Monter en compétences pour suivre les innovations
Face à ces mutations rapides, l’adaptation est essentielle, comme ce fut le cas à chaque grande évolution de l’humanité. Dans l’industrie manufacturière, les compétences les plus recherchées concernent la programmation, l’utilisation de technologies telles que la robotique, la réalité virtuelle ou encore la littératie numérique. Exemple manifeste de cette tendance, la transformation engagée par certaines entreprises évoluant dans des secteurs traditionnels. C’est le cas de l’entreprise Verbois, un fabricant de meubles contemporain, qui a réussit sa transition vers l’automatisation de ses activités.
Dans un récent rapport de l’institut du Québec en collaboration avec le Centre des compétences futures [4], il est affirmé que « contrairement aux autres technologies qui exigent souvent des connaissances techniques spécifiques, les plus récentes applications d’intelligence artificielle, par leur grande convivialité, en démocratise l’accès. Il suffit désormais d’échanger de vive voix avec un ordinateur pour qu’il exécute nos commandes ».
« Cette accessibilité ne réduit pas les besoins en formation, mais les réoriente. Ce qui importe désormais, c’est de former des experts pour créer des solutions logicielles d’IA, former les gestionnaires pour intégrer ces solutions dans leur organisation et accompagner les employés et employées plus vulnérables dans le développement de compétences transversales pour assurer leur adaptabilité professionnelle. »
Les opportunités offertes par l’arrivée de la technologie dans les usines sont nombreuses. En plus de pouvoir générer un gain de productivité importants, elle ouvre de nouvelles perspectives professionnelles aux talents pour faire évoluer leurs compétences.
Alors, à la question « Les nouvelles technologies vont-elles remplacer nos emplois manufacturiers ? », la réponse est sans nuance : oui ! Mais cette évolution est source d’opportunités pour créer des emplois dans lesquels les travailleurs et travailleuses de l’industrie peuvent trouver une nouvelle carrière. Elle est aussi particulièrement encouragée par divers dispositifs d’accompagnement et de financement offerts par les gouvernements et d’autres organisations au Québec.